Une yatra spirituelle exaltante et amusante
le 15 juillet 2009
Quand j'ai fini la Pad Yatra, de nombreuses personnes sont
venues me dire qu'elles étaient désolées que j'aie eu tant de
difficultés à Shingola, sans nourriture ou abri pendant deux
jours. J'étais plutôt choqué d'entendre leurs remarques de sympathie,
car de toute la Pad Yatra, pour moi la partie la plus exaltante
et amusante fut à Shingola. Je m’en souviens encore si clairement.
Comment est-ce que nous, les êtres humains, répandons toujours
des rumeurs à propos de choses si insignifiantes ? Pensez
simplement, comment pourrions-nous survivre sans manger du tout
pendant deux jours ? Impossible de survivre, même un jour. En
fait, nous attendions les mulets et les chevaux pendant deux
jours. Nous avions des tentes, bien que toutes ne soient pas
arrivées avec nous. Nous avons dû entasser plus de gens dans
une tente, et quelques personnes n’avaient pas de sacs de couchage
car ils étaient restés avec les mulets. Alors elles ont eu quelques
difficultés, mais ce n’était pas un problème majeur du tout.
Pour moi, la partie la plus exaltante de tout le voyage fut
de passer le col de Shingola. Notre seul souci fut la sécurité
des mulets et des chevaux. Ils n’arrivaient tout simplement
pas à marcher dans la neige qui fondait. Ils glissaient et sont
tombés à de nombreuses reprises. Nous étions vraiment désolés
pour eux. En tant que pratiquants de « Live to Love »
(Vivre pour Aimer), les moines et les nonnes ont pris les charges
des mulets et des chevaux afin que ces merveilleux animaux puissent
marcher sans poids sur leurs dos, ce qui leur permettait d’avancer
en sécurité. Alors c’était le seul petit problème que nous avons
eu. Sinon, nous avons tous passé un moment exaltant et amusant.
Même si physiquement nous étions assez fatigués à Shingola,
quand il s’agissait de s’amuser notre fatigue s’est effacée.
Nos moines et nonnes ont grimpé jusqu’au col plusieurs fois
pour redescendre en glissant. J’étais très surpris de voir à
quel point ils avaient de l’énergie quand il s’agissait de s’amuser.
Je peux comprendre, après tout, car outre le fait d’être des
moines et des nonnes, ils sont aussi des êtres humains. J’ai
passé un bon moment à les regarder s’amuser. Je n’osais pas
moi-même descendre la pente enneigée en glissant. Peut-être
je me sentais trop maladroit ou trop lourd, et mentalement je
me sentais vieux par rapport à tous ces moines et nonnes qui
aiment s’amuser et que je vois comme mes fils et mes filles.
Je pense que je me suis davantage diverti en les regardant s’amuser
dans la neige. Il ne faisait pas tellement froid pour moi, aux
alentours de moins 20°, et j’avais plutôt l’impression que c’était
une température agréable.
Quand nous avons croisé des locaux, ils ont dit que nous étions
fous de passer le col de Shingola en ce moment-là car il n’était
pas ouvert et il y avait plein d’avalanches. Mais sûrement grâce
aux bénédictions des êtres divins, il n’y a pas eu d’avalanche,
juste quelques rafales et de la neige. C’était très amusant,
comme une grande aventure. Vous pouvez constater vous-mêmes
sur les photos que tout le monde avait de grands sourires. Personne
n’avait l’air triste ou déçue.
Au cours du voyage, j’ai rencontré de nombreux objets de refuge
anciens et historiques qui n’étaient pas encore révélés en ce
monde, même pas pour nous jusqu’à ce que nous réalisons ce voyage.
Je ressens encore de l’émoi en pensant à leur découverte dans
quelques-uns de nos monastères anciens. J’ai été inspiré de
les désigner comme sites sacrés de pèlerinage car la vue de
ces objets sacrés sera à coup sûr une source d’encouragement
pour tous les pratiquants d’une spiritualité authentique, et
ainsi source de bienfaits pour de nombreux êtres à travers le
monde. Si je peux y consacrer quelques efforts sous l’égide
du volet « héritage » de Live to Love, je pense que ce
sera un projet significatif pour nous tous. Je suis très enthousiaste
et positif au sujet de sa réalisation. Si nous n’arrivons pas
à le faire cette année, alors nous devrions sans faute essayer
de le faire l’année prochaine.
J’aimerais dire quelques mots afin d’exprimer ma gratitude,
du fond du cœur, envers tous les comités d’organisation et de
travail de l’Association des jeunes Drukpa (Young Drukpa
Association – YDA), que j’ai formée il n’y a pas très longtemps.
Ils ont pris si bon soin de nous tous, y compris de tous mes
invités. Ils se conduisent vraiment en accord avec mes souhaits.
Par exemple, ils sont activement impliqués, avec l’aide du gouvernement
indien, dans la transformation de la vallée de Markha en le
Parc national d’Hémis. Ce dernier est dans une zone de préservation
environnementale où l’on s’occupe de plus de 20 espèces rares.
Nous faisons beaucoup de ces choses, mais nous n’en parlons
pas. Peut-être est-il important à ce stade de répandre la nouvelle
que notre YDA et nos nombreuses communautés diverses font beaucoup
pour préserver l’environnement naturel. Ce genre d’activités,
où l’on ne se contente pas de discuter de la théorie mais où
des choses sont concrètement réalisées, peut être un excellent
exemple pour la YDA dans de nombreux endroits du Ladakh et de
l’Himalaya. Depuis quelque temps, les membres de la YDA promeut
discrètement l’éco-tourisme, encourageant le logement chez l’habitant
et décourageant l’utilisation de matières non biodégradables
au Ladakh. Ils font beaucoup d’efforts, et cela me fait vraiment
plaisir de le savoir.
Je prenais aussi l’opportunité de décourager les villageois
et les comités d’accueil d’utiliser des tasses et des assiettes
jetables, ainsi que des bouteilles et des tasses en plastique.
En fait, je pense qu’à l’avenir je devrais aussi les décourager
d’offrir à moi et à mon entourage des boissons emballées sous-vide.
Tous ces jus et aliments emballés sous-vide sont en réalité
l’une des principales sources de déchets. Je suis très heureux
que l’on m’offre du thé traditionnel, de la tsampa et de la
nourriture traditionnelle, sans plastique. En fait, je pense
que les changements alimentaires dans certains endroits que
j’ai visités cette fois mènent à un affaiblissement de la santé.
Manger de la tsampa et de la nourriture traditionnelle et le
mieux pour la santé. Ces aliments sont nutritifs et par ailleurs
n’entraînent pas une pollution inutile de l’environnement. Nous
devrions tous faire de notre mieux pour promouvoir cette approche.
Un de mes principaux objectifs lors de cette yatra fut d’encourager
les populations locales à apprécier leurs propres cultures et
leur propre beauté, y compris la beauté de leur nourriture et
de nombreuses autres choses.
Cette conscience de la protection de l’environnement devrait
devenir plus active après la yatra. J’étais aussi heureux de
voir que les moines et les nonnes que j’avais vus jeter des
détritus et des objets en plastique partout et dans les rivières
ont appris à les ramasser. Ils ont aussi appris à arrêter de
manger du « junk food » et à boire des boissons du
même genre pour qu’ils puissent réduire la quantité de déchets.
Nous devons tous trouver une solution pratique pour savoir gérer
ces déchets et les minimiser.
Entre Phanjila et Hémis, ce qui ne représentait qu’un tiers
du voyage, nous avons ramassé 60 000 bouteilles en plastique,
10 000 papiers d’emballage de chewing gum et de cigarettes ainsi
que 5 000 cannettes de boissons gazeuses. La quantité de déchets
que nous avons ramassée plus tôt n’était pas aussi importante
car les endroits n’étaient pas aussi accessibles par la route
et moins commercialisés. Je n’arrivais pas à croire mes yeux
quand j’ai vu la quantité de déchets que mes moines et nonnes
avait collectée près des rivières et des ruisseaux et dans des
ravins escarpés. J’étais vraiment choqué. Si les endroits isolés
que nous avons traversés pouvaient être aussi remplis de déchets,
et que nous n’y avons passé que 42 jours, alors je me demande
combien de multiples quantités de déchets les citadins accumulent
chaque jour. Si ceci peut être compté comme notre mérite, alors
nous devons vraiment trouver quelques planètes de plus pour
prendre nos déchets.
En tout cas la route de l’éducation est longue. J’ai espoir
que tout le monde dans ma petite communauté, au moins nos moines
et nos nonnes dans tous nos monastères et nonneries, pourra
commencer à prendre davantage conscience et à améliorer ses
connaissances pratiques pour savoir comment prendre soin de
la nature et de notre environnement.
En raison de leur amour pour moi et de leur dévouement envers
la lignée, j’ai accepté la demande des Ladakhis de célébrer
mon prochain anniversaire au Ladakh. Alors l’anniversaire sera
célébré au Palais de Naropa, ou Naro Photang, à Shey. Certaines
personnes pourront se demander pourquoi encore Shey ? Ceci ne
veut pas dire que Shey jouit d’un environnement unique. C’est
parce que l’espace et la température facilitent l’organisation
d’un grand rassemblement en hiver. Pour moi, je vais célébrer
mon anniversaire au Ladakh, non pas à Shey en particulier, en
raison de l’amour, de l’affection et de la sincérité de tous
au Ladakh et dans l’Himalaya envers moi. Alors je leur ai promis
de retourner au Ladakh pour mon anniversaire. Mon principal
désir n’est pas de célébrer mon anniversaire. Il n’y a rien
de formidable à célébrer un anniversaire. C’est une excuse pour
encourager la YDA et tout le monde de continuer ses activités
Live to Love et d’autres activités humanitaires d’entraide,
y compris les efforts de maintenir l’environnement propre et
sain, de veiller sur les forêts, de prendre soin de la nature,
etc. Partout où je vais et quoi que je fasse, l’excuse peut
être n’importe quoi. L’objectif est d’encourager les gens à
pratiquer LIVE TO LOVE. Je regardais le site Internet
de Live to Love et étais ravi de voir que même nos amis
et les jeunes au Bhoutan sont activement impliqués dans Live
to Love. Nous devons continuer, coûte que coûte, de promouvoir
Live to Love et d’entreprendre sans réserve des activités
pour le bien de tous.
J’aimerais vraiment beaucoup que mes étudiants et amis qui
n’habitent pas le Ladakh viennent se joindre à nous pour mon
anniversaire. Je vais enseigner sur Le précieux ornement de
la libération de Gampopa. Je ne sais pas si les enseignements
seront traduits en anglais. Même s’ils sont traduits, je ne
sais pas si ce seront des enseignements bien élaborés en raison,
comme d’habitude, du temps limité pour moi de terminer un si
grand volume d’enseignements. Je n’aurais pas plus de 13 jours.
En l’espace de 13 jours, je ne pense pas pouvoir élaborer beaucoup,
mais je ferai de mon mieux. S’il y a une demande de la part
des anglophones et s’il y a assez de monde, je demanderai aux
organisateurs de prévoir l’interprétation simultanée en anglais.
J’aimerais aussi remercier Rigzin Namgyal, qui vient d’une
famille de pratiquants Drukpa pour la plupart. Ce n’est pas
étonnant que tout ce qu’ils font, ils le font sans conditions
pour moi et notre lignée. Son frère aîné Gyalpo a aussi fait
un travail magnifique pour nous lors des derniers quelques pèlerinages,
mais cette fois-ci Gyalpo était très occupé pour les services
du gouvernement. Rigzin était génial et tout le monde était
très content. À la fin, tout le monde ne quittait pas Rigzin
Namgyal des yeux, surtout moi. Sa présence me manque encore
et j’espère que nous nous reverrons et ferons des choses similaires
au nom de Live to Love ainsi que des actions humanitaires
sous forme de pèlerinages et autres.
Je n’ai pas grand-chose à dire car il commence à se faire tard.
Alors c’est tout pour le moment. J’ai quelques photos de la
Pad Yatra dans l’album
photos à partager avec vous.
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