La façon de vivre « Jigmé »

le 9 mars 2010

Jigmé, comme vous le savez tous, veut dire « Sans peur » en tibétain. C’est la qualité courageuse que vous devriez développer quand vous vivez dans ce monde. Cela ne veut pas dire que vous devez être en train de détruire quelque chose ou quelqu’un sans peur. Je pense que dans ce cas, il s’agit plutôt d’une attitude lâche parce que vous n’aimez pas quelque chose ou quelqu’un. Vous ne voulez plus voir cette chose ou cette personne. Vous ne supportez plus de la voir, alors vous voulez la détruire. Cela veut dire que vous êtes faible, et non pas sans peur ou courageux.

J’ai toujours l’impression que beaucoup parmi nous manque le courage de nous regarder en face dans la glace, tandis que nous observons constamment les autres sous une loupe. Parfois, il nous arrive même de constater qu’ils ont de la poussière dans leurs pores, et de nous plaindre qu’ils sont sales. Alors c’est de cette façon que nous nous rendons misérables, négatifs et faibles. Tout d’abord, nous devrions avoir le courage de nous regarder en face et de nous apercevoir clairement. Connaître ses propres défauts est aussi une façon de vivre sans peur, parce que c’est seulement quand vous connaissez vos propres défauts et que vous les reconnaissez que vous allez pouvoir arrêter les choses et dire, « D’accord. Maintenant je dois m’améliorer. Je dois changer. » Connaître vos propres capacités et aptitudes est aussi très important. Si vous n’arrivez pas à gérer, ou n’a pas l’aptitude à gérer les tâches qui vous sont confiées, alors vous devriez tout simplement abdiquer, volontiers et sans peur, retourner voir votre superviseur et le laisser trouver quelqu’un d’autre qui fera un meilleur travail. Se rendre, et abandonner son propre ego, est une excellente manière de vivre sans peur.

Par moments, je me surprends à partir dans la mauvaise direction en raison de ma paresse, de mon incompétence et de mon refus d’admettre mes propres défauts. Il m’arrive même de blâmer les autres quand quelque chose n’aboutit pas correctement. Je dirais que blâmer les autres et trouver des excuses pour soi-même sont les manières des lâches. Ainsi, j’espère que chacun de nous utilisera sa vie, son expérience acquise au cours de cette courte vie et ses rencontres avec les autres comme des moyens d’améliorer sa nature primordiale sans peur, et qu’en ce faisant, nous deviendrons meilleurs, ou tout du moins plus compréhensifs et moins égoïstes.

De nombreuses personnes m’ont demandé pourquoi j’ai dû célébrer deux anniversaires. À vrai dire, je ne suis pas d’accord pour célébrer l’anniversaire. Ce n’est pas en fait dans mon dictionnaire, célébrer l’anniversaire. Mais je suis très heureux si mon anniversaire peut devenir l’objet d’un rassemblement qui bénéficie à autrui. Cette année, grâce à la Young Drukpa Association (YDA) au Ladakh et mes nonnes ici au Mont Druk Amitabha, j’ai eu deux grandes célébrations d’anniversaire, quelque chose auquel je ne m’attendais pas du tout. Comme vous pouvez le voir dans les photos, les gâteaux étaient beaucoup plus grands, surtout celui offert par la YDA au Ladakh. Je n’ai jamais rien vu de semblable, mais c’était bon parce que nous avons pu partager ce grand gâteau avec plus de 45 000 personnes. Même si on était en plein hiver, qu’il faisait -30° et qu’il était très difficile d’obtenir des fleurs fraîches, les gens étaient tellement dévoués qu’ils avaient même réussi à procurer des fleurs fraîches et des arbres pour transformer le lieu en un endroit très vert et coloré. On m’a dit que toutes les fleurs et les plantes avaient été livrées par avion de Jammu et de Delhi le matin même afin de décorer le lieu. J’en étais très content, non pas parce qu’il y avait tant de gens présents pour célébrer mon anniversaire, mais en raison de la chaleur et de la sincérité qu’ils m’offraient joyeusement et harmonieusement. J’avais l’impression d’être un père heureux de 45 000 enfants. J’étais aussi très heureux de pouvoir amener avec moi mon nouveau fils, Gyalwa Lorépa, et sa famille au Ladakh. Bien sûr, Chechok Rinpoché, qui vient d’être intronisé, se porte aussi très bien. Seulement, je me demande parfois pourquoi Chechok Rinpoché est plus petit que Gyalwa Lorépa, bien qu’ils aient presque le même âge. C’est quelque chose que je n’ai pas réussi à comprendre.

 

 



Kyabjé Adeu Rinpoché

 

 

 

 

 

 

 

 

 


L'intronisation de
Chechok Rinpoché


Ensuite, quelques semaines plus tard j’ai eu un autre grand anniversaire organisé par les nonnes, les moines et les dévots au Népal, au Mont Druk Amitabha, et beaucoup de mes amis et étudiants de par le monde se sont réunis pour célébrer mon anniversaire. C’était aussi une occasion très heureuse. Les nonnes ont passé plusieurs nuits blanches à décorer le temple et tout aux alentours. Ceux qui savent combien l’endroit est grand comprendront que ce n’est pas facile de décorer et de tout bien arranger, en particulier parce que la célébration d’anniversaire a eu lieu juste après le Zangchöd Bum. Toute cette énergie positive, qui est encourageante et bénéfique, est quelque chose que j’appellerais « Jigme », pas vous ?

Je suis aussi très fier qu’avec l’aide du Dr. Ruit et un petit nombre de bienfaiteurs, principalement Phendé, nous avons réussi à offrir « la vue » à 200 pauvres. Le jour où je suis allé enlever les compresses qui recouvraient les yeux d’une vieille femme népalaise, j’avais réellement l’impression que j’étais devenu un Bodhisattva authentique ayant la capacité de réduire la souffrance d’autrui. Elle était tellement heureuse, sautant et dansant de joie. Pendant de nombreuses années, elle n’a rien pu voir et maintenant, elle pouvait voir son fils, les fleurs magnifiques, les personnes autour d’elle… le monde entier qui l’entoure était devenu si clair. Elle était restée sans voix et n’arrivais qu’à me regarder avec un bonheur qui m’a fait monté les larmes aux yeux. J’espère, du fond du cœur, pouvoir focaliser l’énergie de la Clinique Druk Péma Karpo sur le don de ce genre d'intervention chirurgicale aux pauvres. Dans notre pratique, nous offrons toujours de la lumière. La lumière est aussi une énergie « Jigmé » qui dissipe les ténèbres et vous montre le chemin. Les yeux que nous avons sont la lumière et font la même chose. Je prie très fort pour que ce souhait puisse se réaliser. Vous pouvez dire que c’est mon souhait d’anniversaire. Je pense que la prochaine équipe de « Live to Love International » devrait étudier la possibilité d’avoir ce type d’hôpital au Ladakh. Je sais que de nombreuses personnes sur place, dont bon nombre d'enfants, ont beaucoup de problèmes de vue, et cela me brise le cœur quand je vois ce genre de choses.

 

 

 

 

 

 



Outre toutes ces nouvelles excitantes, je viens d’être informé d’une très bonne nouvelle concernant l’heureux retour de notre bien-aimé Kyabjé Adeu Rinpoché. Je tiens à remercier Mei d’avoir envoyé cette grande nouvelle de Chine. J’espère qu’elle m’enverra davantage de photos de tout l’événement. La nuit précédant le dîner de bienfaisance à Hong Kong en faveur du projet de stoupa à Nangchen, l’un des plus grands souhaits du précédent Kyabjé Adeu Rinpoché, j’ai fait un rêve très étrange mais très clair. Je voyais Rinpoché dansant dans le ciel en posture de vol. Il disait très joyeusement, « Je suis déjà revenu te voir. Tu n’as plus à te faire de soucis. Je suis ici pour soutenir ton activité. Je suis ici pour aider notre lignée Dragon bien-aimée et tous les êtres sensibles. Ne te fais pas de soucis du tout. » Il dansait dans le ciel. À cause de mon ignorance, je ne me rendais pas compte que je rêvais. En fait, j’étais très confus. Je pensais que Kyabjé Adeu Rinpoché nous avait déjà quitté, et donc pourquoi est-ce qu’il apparaissait dans le ciel. Je me suis dit, « Waouh ! Il doit être en train de me montrer un miracle ! » Je me souviens lui avoir dit beaucoup de choses et lui avoir marmonné maints discours tandis qu’il était très occupé à danser, rire et sourire, vêtu des habits qu’il avait l’habitude de porter. Il avait l’air très jeune et très énergique. Pendant presque trois ou quatre heures je rêvais de lui en train de danser dans le ciel. Ensuite, je me suis réveillé et ai réalisé qu’il ne s’agissait que d’un rêve. Il était déjà l’heure de ma pratique matinale. Je pensais que le rêve était un signe que Kyabjé Adeu Rinpoché viendrait bénir le dîner de bienfaisance, et que la collecte de fonds allait très bien réussir. C’est tout ce que j’avais à l’esprit. La première chose qui me vint à l’esprit fut que je me demandais où il était et avais l’impression que je devais vraiment prendre la responsabilité de m’occuper de lui, puisque le précédent Rinpoché était le plus grand maître de notre lignée. C’est à cela que je pensais. La deuxième chose que j’avais à l’esprit fut de prier pour que le dîner de bienfaisance pour le stoupa dédié au roi Ashoka soit béni et réussi. Ce furent les deux seules choses que j’avais très à l’esprit.

Puis, une demi-journée plus tard, Kyabjé Satrul Rinpoché, le neveu du défunt Kyabjé Adeu Rinpoché, est venu et j’ai lui ai parlé de mon rêve, mais beaucoup plus en détail. Je n’écris pas les détails ici parce que je ne veux pas vous ennuyer, les lecteurs. Alors avec beaucoup plus de détails, j’ai partagé mon histoire avec Satrul Rinpoché. Il a dit que cela devait être un signe. Il était très heureux, mais ne voulait pas partagé beaucoup de choses avec moi en disant qu’il pouvait y avoir de nombreux obstacles pour aucune raison, alors nous ne devrions pas trop en parler. J’étais d’accord. Maintenant, vous pouvez voir que Kyabjé Adeu Rinpoché est revenu comme le fils cadet de Satrul Rinpoché, âgé de moins de deux ans. Il avait laissé une lettre de prédiction de plusieurs pages avant son trépas, et la lettre a été ouverte il y a quelques jours et lue devant le public. N’est-ce pas étonnant ? J’étais tellement ému et heureux que j’étais sans voix.

Comme vous le savez tous maintenant, mon collègue bien-aimé Kyabjé Sengdrak Rinpoché, décédé très jeune à l’âge de 53 ans, est aussi de retour. Il sera intronisé le 10 avril, et c’est une très bonne nouvelle pour de nombreuses personnes, notamment ses étudiants. Voici un clip Youtube qui montre mon nouveau fils bien-aimé, qui a tout juste quatre ans mais qui est tellement brillant.

Par ailleurs, d’ici quelques années nous aurons le plaisir de participer à l’intronisation de Kyabjé Adeu Rinpoché. Et qui sait, peut-être d’ici là nous pourrons tous aller à Nangchen, dans le Tibet oriental, pour célébrer encore non seulement l’intronisation, mais aussi l’inauguration de la grande statue du Bouddha Amitabha et du stoupa dédié à Ashoka.

Quoiqu’il en soit, je suis vraiment fier d’être un membre de la famille Dragon.

 


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