Je suis en congé de maladie

le 25 juillet 2010

Un congé de maladie n’est parfois pas si mal, au moins pour moi, bien que je n’aime pas l’idée et la sensation d’être malade. Selon certaines lectures, cette année et les quelques années suivantes ne sont pas censées être bonnes pour moi. Alors mes enfants et mes collègues demandent et font le nécessaire pour que de nombreuses prières soient faites partout, notamment par mes nonnes qui sont constamment en train de préparer et de faire des poujas Namgyalma extensives ainsi que par mes étudiants et amis qui accomplissent toutes sortes de pratiques pour ma longue vie.

D’un côté, tous leurs soucis sont comme des vibrations négatives réunies qui me sont envoyées en une pluie continue. J’avais mal aux dents, au dos, à la tête, même mes petits doigts de pied me faisaient mal comme pas deux. De l’autre côté, des vibrations positives me sont également envoyées par toutes les différentes pratiques et poujas, et plus important, par les activités positives bénéfiques à autrui. Alors tandis que je souffre de toutes les différentes sensations de douleur dans maints endroits de mon corps, cela me fait très plaisir aussi d’avoir le temps de me reposer et de rester en dehors de la scène des rendez-vous. Je dis constamment aux gens que je suis en congé de maladie, ce qui est plutôt agréable à dire. Normalement, je réserve quelques heures par jour pour rencontrer les gens, mais je dois arrêter jusqu’à mon rétablissement. Je ne veux pas dire que je suis en retraite, bien que de nombreuses personnes répandent la nouvelle que je suis en retraite parce que je suppose que pour eux, c’est gênant de dire aux autres que je suis en congé de maladie.

Certains disent même dans mon dos que, « Il ne devrait pas dire au monde entier qu’il est en congé de maladie parce que les gens le voient comme un être extraordinaire et immortel, et qu’il devrait être fort, toujours en bonne santé et en train d’apporter du soutien à tous. » Certaines personnes ne croient pas que je puisse être en congé de maladie parce qu’elles pensent que je fuis mes responsabilités et suis en fait en vacances, me promenant et prenant du bon temps. C’est étrange pour moi de penser parfois que tant de gens disent que je suis leur gourou et qu’ils sont mes disciples, tandis qu’ils présument que je ne sais pas ce qui se passe dans leur tête et de quel genre de motivation ils font preuve en permanence.

Puisque de nombreuses requêtes proviennent de toute part, il y aura quelques poujas de longue vie. Les deux principales auront lieu à Katmandou au mois de septembre et à Darjeeling en cotobre. Je serai très vraisemblablement à Katmandou pour rejoindre Khamtrul Rinpoché Jigmé Péma Nyindjadh et mes amis et étudiants bien-aimés du Vietnam, mais il est assez peu probable que je sois présent à celle organisée à Darjeeling en octobre. En tout cas, je ne pense pas que de telles poujas de longue vie devraient être dédiées à moi seulement. Elles devraient être dédiées à tous les grands et rares maîtres ainsi qu’à tous les êtres bons et bienveillants, parce que toute personne qui aident les êtres, le monde et l’univers, devrait vivre longtemps pour accomplir des activités positives qui bénéficient à autrui. Leur origine, leur appartenance religieuse ou autre caractéristique de ce genre n’a pas d’importance. Avant que je n’oublie, le 8 septembre, pendant la pouja de longue vie, nous irons tous au stoupa de Swayambhunath inviter formellement la déité de réintégrer le stoupa.

En réalité, le congé de maladie me donne beaucoup de temps que je n’aurais pas autrement pour finir de nombreuses autres tâches. Je suis encore très occupé, mais de manière différente. Au moins on me laisse tranquille pour finir de composer une pratique très importante pour notre lignée. Dans notre lignée, il y a quatre pratiques principales et particulières que vous devez activement entreprendre et accomplir si vous êtes un pratiquant sérieux. Nous avons la pratique longue de Mitrugpa ou Akshyobya, la pratique longue de la longue vie de Bouddha et la pratique longue de Tchenrezig. Nous sommes censés en avoir une très longue de Vajrasattva qui est tout à fait vitale pour cet âge dégénéré, mais nous ne l’avons pas. Alors grâce à mon congé de maladie, j’en compose une qui n’est pas si excessivement longue, mais suffisamment longue pour atteindre un certain niveau en la pratiquant. Pour tout vous dire, et je suppose que je vous l’ai déjà dit de nombreuses fois, c’est un travail difficile d’être gourou à cette époque. Même si vous avez beaucoup d’enseignements profonds à partager, il n’y a guère d’étudiants qualifiés pour les recevoir. Un bon maître ne peut être bon que s’il ou elle a au moins un bon étudiant. Dans nombreux de nos cas, nous sommes assez malchanceux. La plupart des étudiants et disciples sont davantage intéressés par les réalisations superficielles d’un gourou et presque tous s’attendent à ce que le gourou les traite gentiment et chaleureusement comme un(e) petit(e) ami(e). Il manque de la dévotion parce que ces soi-disant étudiants font beaucoup de choses nuisibles pour eux-mêmes et ultimement pour le gourou, et pourtant ils ne changent jamais, et dans de nombreux cas ils deviennent plus mauvais qu’avant d’être devenus des pratiquants. Ils blâment souvent leurs échecs et leur rétribution sur le karma et d’autres personnes, mais pas sur eux-mêmes.

La pratique spirituelle veut dire le développement positif de votre propre vie, de vous-même. Tant que vous vous développez dans une direction positive grâce à différents moyens tels la méditation, vous arriverez à un état meilleur, je vous le garantis ! La chose la plus désolante pour un gourou est de voir ses étudiants et amis vivre des vies plus désordonnées, problématiques et confuses après avoir pratiqué un certain temps. La plupart font semblant d’être de bons pratiquants spirituels et parfois disent même aux gens comment pratiquer et vivre une vie heureuse tandis qu’eux-mêmes sont très embrouillés. Cela montre que la pratique spirituelle n’a pas grandi en eux. Ce n’est devenu qu’un emballage de papier cadeau. Rien n’a changé à l’intérieur et quelque chose est devenu plus pourri. Le comportement que je décourage particulièrement est de prétendre être un pratiquant spirituel quand on ne l’est pas.

Mais ce n’est pas la fin du monde. Si vous comprenez cela, alors ici-même et sans perdre une minute de plus, vous devrez sauter de là où vous êtes et vous promettre de changer immédiatement. Arrêtez d’être débraillé, arrêtez de donner l’excuse d’être occupé et de ne pas avoir le temps, arrêtez d’être quelqu’un qui n’a aucune courage de se regarder en face. Personne n’est parfait dans ce monde. C’est en développant cette perfection au sein de l’humanité et en devenant un être entier que notre vie est nourrie de manière positive. Si vous ne vous acceptez pas vous-même, vos propres défauts et aussi votre propre beauté, vous ne pourrez sûrement pas changer pour le mieux. Au lieu de gâcher votre temps à critiquer les autres, vous devrez vous regarder vous-même et vous améliorer. Au lieu de vous sentir coupable et pessimiste, il vaut mieux faire quelque chose maintenant puisque nous respirons et sommes encore en vie. Au lieu de vous sentir fier de vous-même et de vous croire au dessus de tous, qu’il n’y a personne meilleure que vous et que vous avez le droit de faire des erreurs mais pas les autres, il est recommandé que vous vous examiniez et commenciez à apprécier tout et tout le monde dans votre vie. Je me lasse beaucoup quand les gens commencent à se plaindre des autres parce qu’ils ne s’imaginent jamais avoir fait quelque chose incorrectement et que tous les problèmes sont causés par les autres. Alors arrêtez de vous plaindre, empêchez votre ego de faire semblant, cessez de vous apitoyer sur votre sort et arrêtez de donner des excuses pour vos propres erreurs. Arrêtez toutes ces choses qui n’ont pas de sens et vivez ou vie positive, évolutive et heureuse ! Puisque nous sommes ici, encore en vie et occupant une place sur cette terre, nous devrions faire le meilleur usage possible de cette vie et le rendre aussi bénéfique que possible. La vie est trop précieuse et trop courte pour la gâcher.

En tout cas, je n’étais censé écrire qu’un paragraphe parce que je pouvais sentir et dire que de nombreuses personnes de différentes parties du monde se préoccupent beaucoup de moi. Alors je pensais faire une courte apparition pour dire que je suis encore là et qu’il ne faut pas s’inquiéter. Je prendrai soin de moi et essayerai de vivre aussi longtemps que je peux. De même, vous devrez prendre bien soin de vous-mêmes et surtout de vos esprits. Si vous devenez tous plus heureux et moins débraillés, ma vie et ma santé s’arrangeront automatiquement.

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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